ThS 2022
Taïwan l’indomptable
Inconnue du grand public où presque jusqu’à la crise du Covid, l’île de Taïwan occupe de plus en plus la une des journaux pour diverses raisons. La principale est évidemment cette menace d’invasion militaire de la Chine continentale qui plane de façon toujours plus prégnante, sans que l’on sache d’ailleurs très bien quel est son niveau d’intensité.
Table des matières
ToggleMais la république de Chine, puisque c’est ainsi qu’il faut l’appeler, c’est aussi autre chose de bien plus valorisant. En effet Taïwan grâce à son formidable dynamisme est entrain de devenir un acteur incontournable de l’économie mondiale grâce à son savoir faire industriel comme nous avons pu le constater lors de notre visite sur le salon Taïwan Hardware Show qui faisait étape cette année à Kaoshiung en unissant ses forces avec la plateforme nommée international Metal Technology.
Ainsi donc, après deux longues années de fermeture des frontières, le territoire que nous appellerons, pays, statut que lui refuse l‘encombrant voisin d’en face, considérant avec une insistance toujours plus oppressants que cette terre lui appartient, a rouvert ses portes à tout citoyen venu du monde entier. Désormais, il n’est plus utile de présenter quelque document justificatif de bonne santé, ni bien évidemment de subir la moindre quarantaine. Le danger d’une flambée épidémique s’éloigne, même s’il est demandé quelques de respecter quelques obligations, avec le port du masque en tout lieu public. Voila donc une formidable atout vis à vis du “voisin d’en face” empêtré dans une absurde politique zéro Covid qui affecte considérablement son économie affaiblie en plus, par des handicaps structurels. Tel n’est pas le cas de Taïwan qui a même profité de cette terrible époque, pour s’affirmer sur le plan international dans tous les domaines, que ce soit politiques, diplomatiques ou économiques. Tant et si bien qu’il est presque possible d’affirmer que la république de Chine a paradoxalement profité du long épisode Covid. A ceci deux raisons. Lors de la première vague, les frontières vite fermées ont été plus que profitables sur le plan de l’image mondiale. Alors que la planète se battait sans grands résultats avec le virus au moment il était vraiment dangereux, Taïwan était bien à l’abri dans son île, ou les habitant étaient soumis à des obligations sanitaires strictes sans être pourtant répressives comme en Chine. Avec l’aide du civisme exemplaire de ses habitants, et malgré l’absence de vaccins, la première vague a été très largement contenue et le monde entier à commencé à découvrir les vertus de cette démocratie exemplaire. Ainsi, et tout à fait paradoxalement, le Covid a constitué un formidable accélérateur de notoriété, dans la mesure ou les cas étaient inexistants alors que l’activité économique et industrielle ne s’est jamais arrêtée. Le monde a constaté avec admiration le bien fondé de la politique gouvernementale qui s’est traduite que par quelques cas accidentels et zéro morts !
Ne jamais rien lâcher
Seulement cette situation miraculeuse n’a pas duré avec l’arrivée du très contagieux variant Omicron apporté dans les bagages des quelques voyageurs locaux autorisés à rentrer au pays. Le virus se propagea comme une traînée de poudre partout, frappant la population par centaines de milliers. Mais heureusement le vaccin est devenu disponible et une très vaste campagne de vaccination a été mise en place de façon très efficace, ce qui a réduit de façon considérable le nombre de décès, le tout associé à des mesure sanitaires très strictes qu’aucun occidental n’aurait probablement jamais acceptées. Mais ce qui est remarquable dans toute cette période, c’est que le pays ne s’est jamais arrêté. Il a même quasiment tourné à plein régime tandis que le monde entier continuait à souffrir des conséquences de la pandémie sur les chaînes de production, mais aussi dans les bureaux ou s’installait un télétravail plus où moins hybride. Mais le grand tournant de l’extraordinaire expansion Taïwanaise dans une période qui ne l’était pas moins, c’est qu’elle est devenue la plaque tournante de la planète à cause d’un objet devenu aussi précieux que l’or.
L’île aux trésors
Effet locomotive du salon Taïwan Hardware Show
C’est également grâce à l’image de haute performance procurée par ce secteur que la production Taïwanaise est considérée à juste titre comme très performante dans bien des domaines aussi différents les uns des autres à l’exemple de la biotechnologie, les nanotechnologies, le photo voltaïque, les énergies renouvelables, la pétrochimie, la machinerie, les transports maritimes, la fabrication de vélos mondialement connus (Giant) d’ordinateurs(Asus, Acer) etc sans oublier évidemment l’outillage, notre sujet principal. Toutes ces digressions qui nous y amènent prennent en effet tout leur sens pour mieux comprendre la raison de l’existence du salon THS, acronyme de Taïwan Hardware Show, objet de notre visite. En effet, si celui ci après avoir subi la punition de deux années sans existence, a pu repartir de plus belle, c’est parce que l’industrie ne n’est jamais arrêtée de tourner au plus fort de la crise, et donc par voie de conséquence, l’économie du territoire ne s’est jamais effondrée. La force de Taïwan, c’est ce formidable esprit de résilience, ce dynamisme jamais freiné, malgré toutes les menaces qui pèsent sur son avenir. La population, les entreprises ont intégré depuis longtemps ces paramètres, et la meilleure des réponses face au danger, c’est d’avancer malgré tout. Tout ceci rejaillit bien sûr, sur le savoir faire, la qualité de la production industrielle globale quelle que soit le secteur avec comme objectif de permettre à son marché intérieur de pouvoir fonctionner de façon optimale, quelles que soient les circonstances et cela s’est vérifié au pus fort de la crise du Covid. Mieux encore, même si les exportations, ont souffert de problèmes liées à la situation mondiale, elles n’ont mais jamais arrêtées. Il faut dire que dans ce domaine Taïwan est à la pointe dans bien des secteurs d’activité, soutenu par les autorités qui ont toujours considéré le commerce international comme essentiel au développement du pays.
Une vitrine nommée Kaoshiung
C’est donc dans ce contexte que s’est tenu du 19 au 21 octobre, le salon THS qui avait associé son destin pour l’occasion à la plateforme International Metal Technology, dédié comme son nom l’indique à la technologie des métaux. A contrario des années passées, celui ci s’est déroulé dans la grande ville industrielle de Kaoshiung, laquelle mérite que l’on s’y arrête. En effet, cette cité est hautement stratégique grâce à son port de commerce, lequel occupe la 17ème place sur l’échiquier mondial. C’est donc par Kaoshiung que passent l’essentiel des exportations, à l’exception des semi conducteurs, fragiles, rares et chers, transportés par avion. Qui dit port dit aussi activité économique. Ainsi l’agglomération abrite l’industrie lourde, comme les aciéries, les chantiers navals, les raffineries. C’est dire l’importance stratégique d’une ville de 2,7 millions d’habitants, la troisième en population. Il va cependant sans dire que l’endroit est très sensible, et les navires ennemis de l’armée populaire e Chine, y font souvent des incursions, ce qui n’a pas été sans conséquences sur le trafic maritime ces derniers mois. Toujours est t-il que c’est donc dans cet environnement très convoité que s’est tenue l’édition 2022 du salon. Ce choix n’a cependant pas été déterminé pour des considérations géo stratégiques, mais pour des raisons plus prosaïques. En effet, le site de Taichung où se déroulait précédemment le salon avant les années Covid, n’était plus adapté en termes de surface, de confort et d’accueil. Toutefois, un très moderne parc des expositions est en construction et devrait être opérationnel en 2025, ce qui fait que Kaigo, l’organisateur aux manettes de l’événement y retournera dès l’ouverture. En effet, Taichung possède l’avantage de permettre aux visiteurs, surtout étrangers, de pouvoir visiter les fabricants exposants, leurs unités de production se situant à quelques encablures du site d’exposition. C’est moins le cas à Kaoshiung, même si la cité portuaire abrite aussi un nombre non négligeables d’industriels du secteur. Néanmoins avec la pandémie le sujet des visites était moins d’actualité, l’essentiel était d’occuper le terrain au plus vite.
Un bijou de salon et une divine surprise
Mission accomplie donc, puisque le salon a eu lieu comme prévu avec, cerise sur le gâteau, la possibilité aux étrangers d’y faire le déplacement, puisque quelques jours avant, les autorités gouvernementales avaient décidé de rouvrir les frontières, ce qui nous a permis de reprendre le fil de l’histoire que nous avions laissée en plan en 2019 pour les raisons sur lesquelles il est inutile de revenir. C’est donc dans le superbe parc des expositions de Kaoshiung que s’est ouvert le salon avec tambours et dragons selon la tradition Taïwanaise. Nous avons retrouvé l’offre globale bien connue, laquelle nous avait toujours étonnés de par sa qualité remarquable. Celle ci reste la même, à savoir, l’outillage bien évidemment, mais également le jardinage et ses dérivés, la visserie, la serrurerie, avec un partie réservée aux mécanismes intelligents mais aussi une partie dédiée à l’équipement de la salle de bains, à laquelle s’est adjointe la plomberie cette année. Bref une offre réputée et reconnue dans le monde pour sa qualité, ce qui fait de Taïwan un grand fournisseur dans les produits OEM ou OD. Cependant cette édition 2022, a démontré que pendant ces années funestes, les fabricants ne sont pas restés les deux pieds dans le même sabot. En effet, nous avons pu constater de visu la montée en puissance des outils de très haute précision, voire connectés. Nous avons pu également assister à l’avènement du Métavers déjà opérationnel puisque des expériences ont permis aux visiteurs de découvrir ce que sera le monde de demain. Les drones étaient également de la fête, et leur fonctionnement a suscité beaucoup d’intérêt et de curiosité. Nous avons ainsi pu vérifier que Taïwan est vraiment le paradis de la technologie, de la connectivité, et de la digitalisation. Le phénomène a été accentué par la présence de l’offre d’IMT, ou la précision, le haut niveau de qualité n’est pas un vain mot dans ce secteur d’activité. A noter également la présence d’un robot qui a beaucoup intrigué et fasciné.
Voilà donc ce qu’ont pu découvrir les 13000 visiteurs parmi les 200 exposants venus de 55 pays, ce qui est tout à fait honorable, pour un grand retour aux affaires, dans un contexte qui cependant ne facilitait pas les choses, puisque, comme nous l’avons dit plus haut, Taïwan n’avait rouvert ses frontières que quelques jours avant. Tous ces écueils, n’ont pas freiné Kaigo, aux commandes de la manifestation dans sa volonté de retour d’un salon qui était devenu un rendez vous majeur du secteur de l’outillage sur la zone Asie Pacifique. Connaissant, en plus, les difficultés du voisin Chinois avec sa politique d’enfermement qui ne permet plus aux acheteurs étrangers de faire le déplacement, le THS a une belle carte à jouer et les organisateurs ne vont pas s’en priver.
A noter enfin que l’édition 2023 se tiendra cette fois-ci dans la capitale Taipei, du 19 au 21 octobre.
Interview de Gerd Keim : Président Kaigo
Trade Shows Mag : Cette édition 2022 signe enfin votre retour, mais pourquoi ce choix de changement de ville ?
Gerd Keim : Pour une raison très simple. Nous n’avions pas prévu au départ de quitter Taichung, mais il n’était plus possible d’organiser le salon THS dans les conditions, telles que nous les avions connues jusqu’à la pandémie. Vous avons besoin d’un vrai site doté de tous les éléments de confort moderne. Comme le nouveau bâtiment d’exposition ne sera disponible qu’en 2025, nous avons décidé de nous exporter dans l’autre pôle d’attraction économique Taïwanais, en l’occurrence Kaoshiung, qui nous permettait pour notre retour aux affaires de proposer aux exposants et visiteurs un site de qualité que nous avons partagé avec la plateforme IMT dédiée aux technologies du métal, ce qui offrait une complémentarité dans l’offre globale sur le plan des produits, sachant qu’il y a un lien de cause à effet entre les deux secteurs d’activité.
Trade Shows Mag : Cette édition 2022 signe enfin votre retour, mais pourquoi ce choix de changement de ville ?
Gerd Keim : Pour une raison très simple. Nous n’avions pas prévu au départ de quitter Taichung, mais il n’était plus possible d’organiser le salon THS dans les conditions, telles que nous les avions connues jusqu’à la pandémie. Vous avons besoin d’un vrai site doté de tous les éléments de confort moderne. Comme le nouveau bâtiment d’exposition ne sera disponible qu’en 2025, nous avons décidé de nous exporter dans l’autre pôle d’attraction économique Taïwanais, en l’occurrence Kaoshiung, qui nous permettait pour notre retour aux affaires de proposer aux exposants et visiteurs un site de qualité que nous avons partagé avec la plateforme IMT dédiée aux technologies du métal, ce qui offrait une complémentarité dans l’offre globale sur le plan des produits, sachant qu’il y a un lien de cause à effet entre les deux secteurs d’activité
Trade Shows Mag : Nous nous sommes laissés entendre dire que vous changeriez encore l’an prochain. N’est ce pas une décision préjudiciable ?
Gerd Keim : C’est en effet vrai. Nous retournerons à Taipei ou nous sommes nés il y déjà longtemps. Ce choix peut vous paraître curieux, mais il faut savoir que Taïwan est un territoire de taille modeste, et que la capitale se trouve à 50 minutes de Taichung avec le train rapide ou sont installés l’essentiel des fabricants de l’outillage, lesquels permettaient aux acheteurs de visiter les unités de production de leurs fournisseurs, ce qui sera de nouveau très facile l’an prochain depuis la capitale. De plus, notre objectif est de faire revenir en nombre les visiteurs étrangers, et Taipei est mieux adapté que Kaoshiung. en termes de distances. Enfin, nous disposerons d’une surface d’exposition qui nous permettra de retrouver notre nombre habituel d’exposants. Néanmoins il est certain qu’en 2025, nous retournerons à Taichung dans le nouveau bâtiment qui sera alors opérationnel.
Trade Shows Mag : Si tout va bien sur le plan sanitaire…
Gerd Keim : En effet, nous sommes bien conscients des risques de retour de flamme de la pandémie. Aussi est ce pour cela que nous restons extrêmement prudents. Mais si nous voulions assurer la pérennité du salon, il fallait nous engager dès cette année, ce que nous avons fait dans des dimensions plus modestes. Les exposants le souhaitaient et en assumaient les risques, tandis que nos acheteurs locaux étaient demandeurs surtout les compagnies de trading qui font le trait d’union avec l’export en ces temps encore compliqués. N’oublions pas en effet, que Taïwan n’a ouvert ses frontières que la semaine dernière.
Trade Shows Mag : Si l’on peut considérer cette édition comme une édition de transition, qu’en est t-il du marché ?
Gerd Keim : Le secteur a souffert du manque de matière première, mais l’activité ne s’est pas arrêtée pour autant et les fabricants sont toujours aussi performants dans l’innovation, tout en maintenant cette image justifiée de qualité qui leur a porté bonheur jusqu’à présent.
Trade Shows Mag : Mais en proposant des prix plus élevés.
Gerd Keim : Sans aucun doute, mais la différence est ténue avec des produits low cost que les industriels taïwanais savent aussi fort bien produire. Le marché Américain en a absorbé beaucoup. Ceci dit, les acheteurs se tournent de plus en plus vers la qualité.
Trade Shows Mag : Dernière question, pour finir. Quid de la durabilité, du respect environnemental qui deviennent des thèmes récurrents en Europe. Vont ils dépasser celui qui a fait la force de l’image des produits fabriqués à Taïwan, en l’occurrence, la qualité ?
Gerd Keim : Non, en aucune manière. Ces thèmes ne sont en aucune manière les arguments commerciaux principaux. Ici , à Taïwan, c’est la qualité qui prime avant tout. Ceci ne veut pas dire que les industriels négligent cet aspect, bien au contraire. Ils l’ont simplement intégré dans leurs processus de fabrication comme un élément définitivement acquis.