Après notre précédent édito ou nous l’avions déjà convoqué, ce nouveau clin d’œil à Marcel Proust n’a toujours évidemment aucun rapport avec son œuvre dans les lignes qui vont suivre, mais il nous a semblé amusant d’établir un certain parallèle avec le retour aux affaires de l’univers des plateformes professionnelles après le tsunami du Covid, dans ce monde si complexe que tout un chacun ne peut que constater, où qu’il soit, où qu’il vive, quelle que soit son activité. Chacun sait cependant que certains secteurs, sont plus sensibles que d’autres aux convulsions de notre société moderne. Celui des salons est bien évidemment en première ligne

Ainsi donc, toutes les portes sont désormais rouvertes de par le monde, sans la moindre contrainte sanitaire. Les grandes plateformes font de nouveau le plein et les visiteurs s’y déplacent en masse, comme si toutes ces années si difficiles n’avaient jamais existé. Est cependant que tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes ? C’est encore aller un peu vite. Si les grosses machines que sont les grands salons internationaux ont fourni des efforts exceptionnels pour revenir à leur niveau d’antan, elles n’en restent pas moins vigilantes. Certes les statistiques sont pour les organisateurs de vrais motifs de satisfaction, tant sur le plan de l’affluence qu’en nombre d’exposants, il n’en reste pas moins vrai qu’il existe d’autres problèmes et d’autres menaces qui pèsent sur leur bonne santé. Citons d’abord une conjoncture économique mondiale chahutée ou chaque continent affronte de sévères difficultés qui se nomment inflation, ralentissement de la consommation, et cerise sur le gâteau une guerre au cœur de l’Europe dont personne à ce jour n’est capable d’en connaître l’issue, mais dont les conséquences pèsent déjà lourd sur la fluidité des échanges commerciaux, avec en corollaire une redéfinition des cartes de la diplomatie inter états, et une menace pour la paix.
Il ne faut pas oublier non plus, que la mondialisation, telle que nous l’avons connue avant 2020, n’est plus la même. La course à la libre circulation des marchandises et des biens, n’est certes pas interrompue, mais elle est sérieusement remise en question. Le retour en force du protectionnisme et ses effets secondaires, est un élément avec le lequel tout un chacun va devoir composer. Ajoutons à cela une montée en puissance des exigences environnementales, des inquiétudes planétaires à propos du réchauffement climatique de la complexité de la transition énergétique. Bref, le tableau n’est guère réjouissant.
C’est donc dans ce contexte que vont devoir évoluer les salons. Cependant les organisateurs ne sont pas des perdreaux de l’année, à fortiori ceux pour qui l’internationalisation est un élément essentiel dans leur business model. Les leaders ont déjà intégré tous ces paramètre et s‘adaptent en conséquence. En tout cas chacun est prêt à affronter ces nouveaux challenges.
Cependant, tout ceci n’est encore guère visible, à ce jour. L’euphorie des réouvertures dynamisée par le plaisir de communiquer enfin de visu a dopé la fréquentation à ce jour. Le phénomène est universel, ce qui montre combien l’être humain est un animal social. Les visiteurs sont massivement de retour, les exposants aussi. Certains rendez vous ont même enregistré des résultats record, tandis que d’autres voient avec satisfaction des résultats similaires à ceux de 2019, comme si rien ne s’était passé.

Cependant, est ce pour autant que l’avenir sera aussi radieux, vu les nuages menaçants qui pointent à l’horizon ? Cet enthousiasme va t’il se confirmer dans l’année à venir ? Autant de questions qui méritent d’être posées. Il est raisonnable d’imaginer que les grands rendez vous internationaux resteront des références incontournables. Néanmoins des changements apparaissent. Nous voyons poindre ici et là un nouveau phénomène avec des salons plus ciblés à l’adresse d’un public plus local, en réponse à un ralentissement de la mondialisation et des rencontres y afférant. Toujours est t’il que le succès des plateformes nationales ciblées est un indice qui tend à confirmer cette tendance. Est apparu également le phénomène des salons hybrides, moitié “physiques”, moitié Online.
Bien malin cependant qui peut prédire l’avenir, mais nous avons toutefois la certitude que l’univers des salons professionnels n’est pas près de disparaître. Il en a vu d’autres au fil des décennies, voire des siècles. Il saura s’adapter et nous racontera encore de belles histoires que nous ne manquerons pas de narrer.