IFA 2022
Drapeau vert
sur la High Tech
Qui dit IFA, dit High Tech et ce postulat, personne ne peut le contester. Ce salon hors normes à bien des égards est le rendez vous du présent et surtout du futur. C’est donc à une véritable symphonie de technologies présentes aujourd’hui et demain dans nos vies quotidiennes à laquelle le rendez vous Berlinois nous a conviés jusqu’en 2019, date de sa dernière session. Puis, vint cette interruption sur laquelle nous ne reviendrons pas quant à ses causes mais elle a eu des conséquences qui ont accentué des bouleversements dans un métier directement concerné par ce que nous vivrons demain et comment nous le vivrons.
En tout cas, et avant toute chose, réjouissons nous, l’IFA (acronyme d’International Funk aufstetllung) est de retour en ce beau mois de septembre qui voit les grand salons de dimension mondiale ouvrir de nouveau leurs portes et l’on ne peut que s’en réjouir. Les exposants peuvent enfin proposer de nouveau leurs nouveautés et innovations à des acheteurs qui n’attendaient que cela. Ce phénomène se vérifie partout et met un terme à une immense période de doutes où les spéculations allaient bon train. Les salons professionnels avaient-ils encore un avenir ? telle était la question qui suscitait bien des doutes et des spéculations. La réponse est désormais claire. Ceux ci après une période d’absence de deux ans ont suscité un désir de retour à la “vie d’avant”, et tout laisse à penser que le phénomène est durable envoyant aux oubliettes du passé ceux qui en avaient prévu la fin.
Ainsi donc l’IFA, ce monument, signe son grand retour pour la plus grande satisfaction de tous. Quel bonheur en effet pour les acteurs de cet ultra dynamique secteur de découvrir la foultitude d’innovations et de découvertes destinées à changer nos modes de vies, nos loisirs, inhérentes à cette profession. La technologie peut enfin montrer son évolution à visage découvert et permettre à tout un chacun de découvrir aussi que ses acteurs ont bien changé.
Plus le même monde
En effet, le Covid est passé par là, et au delà de ses conséquences sur notre santé, c’est tout une vision du monde qui s’en est trouvée bouleversée en accélérant une prise de conscience des enjeux de notre planète, lesquels étaient cependant déjà présents en 2019. Mais ils n’étaient pas aussi prégnants qu’ils ne le sont aujourd’hui. Comment s’en étonner lorsque l’on sait qu’un système d’échanges économique ultra mondialisé s’est effondré en quelques mois, mettant en péril tous les secteurs d’activité ? D’un seul coup les frontières qui n’existaient plus, se sont refermées un peu partout, les transports maritimes ou aériens bloqués, les grandes plateformes logistiques quasiment à l’arrêt. C’est donc un tsunami que le monde a du affronter comme jamais il n’en n’avait vécu. Heureusement, il y eut une bouée de sauvetage qui a permis aux hommes de communiquer. Ainsi naquirent des techniques via internet et l’on vit apparaître une nouvelle façon de dialoguer, de commercer, d’échanger, via des rencontres virtuelles qui ont fait flores. Les Webinair et autres Zoom ont fonctionné à plein régime permettant aux économies planétaires de ne pas s’écrouler. Dans cet univers étrange, les salons professionnels ont eux aussi apporté leur pierre à l’édifice en créant des salons virtuels.
L’art de sauver les meubles
C’est ainsi que ces salons “en ligne” et toutes ces offres connectées ont permis aux principaux organisateurs de ne pas se faire oublier et d’ouvrir de nouvelles brèches dans le commerce mondial. En effet les rencontres virtuelles ont réellement sauvé les meubles de bien des secteurs et celui de l’électronique fort de son savoir faire en la matière a permis les présentations de produits, les dialogues en ligne, et bien évidemment les achats. Dans bien des domaines des organisateurs ont mis en place ces salons d’un nouveau type, tant et si bien que ceux font désormais partie intégrante des événements physiques avec ce que l’on appelle aujourd’hui les salons hybrides, lesquels permettent aux acheteurs et clients de procéder à des transactions. Ce phénomène de salons et de rencontre en ligne a été une véritable bouée de sauvetage pour les organisateurs et les acheteurs, Il s’intègre parfaitement maintenant dans la typologie de bien des rendez vous physiques dans une complémentarité appelée à une grand avenir
Le grand retour aux affaires de l’IFA
Mais ce que tout le monde attendait, c’était de connaître l’état de santé de l’IFA, le vrai, celui ou les exposants viennent présenter leurs nouveautés et innovations aux acheteurs de la profession et Dieu sait si ce mot innovation prend tout son sens dans ce secteur. Après deux ans d’un tel cauchemar, il était permis de se demander si les visiteurs répondraient présents. Les chiffres parlent d’eux même, puisqu’ils ont été 161 000 a arpenter le vénérable parc des expositions de Berlin, Ceci prouve une nouvelle fois que les “vrais” salons ont beaucoup manqué à un secteur pourtant habitué au virtuel. C’est en tout cas un résultat tout à fait remarquable qui prouve que ceux ci résistent à tout. D’aucuns ont connu la guerre, d’autres puisent leurs racines au moyen âge, c’est dire qu’ils en ont vu passer des événements et ce virus qui a effrayé le monde entier a enrayé ces machines de guerre, mais ne les a pas détruits. Il faut également savoir qu’un salon professionnel, c’est une rencontre entre l’offre et la demande, et c’est sur le succès du couple acheteurs/ exposants que repose son succès. Il y avait une certaine appréhension, il faut bien l’avouer quant au retour des ces derniers. En raison des coûts importants que génère la présence sur ces plateformes, il était permis de se poser réellement la question. La réponse a été au niveau des ambitions des organisateurs de Messe Berlin, puisque l’offre a été plus qu’à la hauteur avec un taux de remplissage de 80% par rapport à 2019, sachant que le continent Asiatique continue a rester obstinément fermé dans des pays grands pourvoyeurs de l’industrie du High Tech. Ceci est également valable pour les visiteurs et nous pensons particulièrement aux Chinois dont les frontières ne sont pas près de se ré ouvrir puisqu’à ce jour, à l’heure où nous écrivons ces lignes, des millions de citoyens de l’Empire du milieu sont toujours bouclés chez eux en raison de la résurgence de quelques milliers de cas de Covid. A un degré moindre la guerre en Ukraine constitue évidemment un handicap supplémentaire non négligeable. Malgré donc, tous ces obstacles le salon IFA peut s’enorgueillir d’un magnifique retour aux affaires et confirme que les salons restent un domaine de rencontres et d’échanges incontournable. Après ce redoutable trou d’air, ils ressortent même renforcés de ces deux années de black out total. Il est donc clairement prouvé que les rencontres entre les hommes ne sont pas près de disparaître et que tout un chacun a pu s’apercevoir que faire des affaires est avant tout une histoire entre humains.
Une offre aux couleurs de l’époque
Nous n’allons pas nous lancer ici dans une inventaire à la Prévert de l’offre bien connue de l’IFA. Chacun sait que celle ci est le paradis de l’électronique sous toutes ses formes, tous ses aspects. Ainsi avons nous pu constater de visu que le monde de l’image et de ses dérivés, tels le son et l’interactivité sont toujours omniprésents, que la connectivité est aussi devenue indispensable dans presque tous les domaines, que l’internet des objets est un marché qui ne cesse d’évoluer, que chaque appareil électroménager est un objet de haute technologie, à l’instar d’une machine à laver moderne, un frigo dernier cri. Bref l’offre de l’IFA, était toujours aussi profonde, depuis dans le domaine de la cuisine jusqu’à celui de la l’automobile autonome. Tout ceci nécessite évidemment beaucoup de puces et composants électroniques et le sujet est particulièrement sensible à l’heure ou elles viennent à manquer suite à la forte demande mondiale, alors que les fabricants ne sont pas légion à proposer les plus performantes, ce qui créée des problèmes de pénurie dans bien des domaines.
Dans le secteur des grandes innovations de la décennie à venir, le metavers va très certainement connaître une croissance très importante, à condition de ne pas décevoir les utilisateurs, mais lorsque l’on constate les investissements colossaux qui y sont pratiqués, il semble ne plus faire de doutes que cette technologie va révolutionner bien des domaines. Nous serons plus réservés quant à l’avenir des NFT (non fongible token) ou commencent à apparaître des dérives. En tout cas ces deux innovations vont très certainement faire parler d’elles dans la décennie à venir.
Mais c’est surtout du côté des engagements environnementaux qu’il faut se tourner, car c’est là que va se situer la bataille pour les fabricants, lesquels se sont déjà mis en ordre de marche.
Tout le monde au vert
Cette fois ci, on ne rigole plus. Le changement de ton est clair et cela s’est vérifié partout sur les stands des fabricants qui en font leur désormais leur cheval de bataille. L’heure est à l’avènement de la sauvegarde et à la protection de la planète, alors que le sujet était presque passé sous les radars en 2019. Mais la pandémie est arrivée et au delà de la maladie, celle ci a déclenché une prise de conscience universelle dans tous les domaines. L’offre globale de l’IFA n’a donc pas échappé au phénomène. Tout ceci a déclenché un nouveau phénomène. Les arguments de la haute technologie semblent presque passés de mode. C’est ainsi que le langage un peu obscur pour les profanes a profondément dans les changé argumentaires commerciaux. Certes, il n’a pas disparu, nous sommes quand même à l’IFA, mais les termes d’OLED, de capteurs photos toujours plus riches en pixels ou en qualité ou puissance sonore, la course à la résolution d’écran en 8K, tout ceci est remplacé par le langage de la vertu environnementale. Place désormais au recyclage, à la durabilité, sans oublier le rendement énergétique qui s’invite de manière essentielle dans la course. Il faut bien reconnaître qu’avec l’augmentation des matières premières, de la raréfaction des composants, l’augmentation vertigineuse des produits fossiles, les industriels n’ont plus le choix s’ils ne veulent pas subir un choc qui pourrait être fatal. Et puis il y a la pression de la demande de la clientèle qui réclame des produits non seulement économiques en termes de rendement mais surtout vertueux dans le domaine écologique dans le sens le plus large du terme. C’est donc ce challenge auquel profession va devoir faire face. Certes, il n’est pas nouveau, mais il a connu une accélération fulgurante en à peine deux ans, et le consommateur a eu le temps de réfléchir à l’avenir du monde ou il est amené à vivre et dans lequel il devra modifier ses modes de consommation. Pour les marques cet emballement n’est pas sans poser question. Celles ci sont bien conscientes du problème mais il s’agit surtout pour elles de trouver un équilibre entre la qualité technologique à laquelle les clients sont habitués et le respect des enjeux climatiques sans toutefois tomber dans la démagogie du “greenwashing”. Ainsi et à titre d’exemple, le géant Coréen Samsung a t’il axé son argumentation autour de deux thèmes, à savoir une “vie plus intelligente” via les objets connectés, et un futur durable. Ainsi, dès 2023, tous ses appareils depuis le téléviseur jusqu’aux aspirateurs en passant par les PC bénéficieront de l’offre “smart energy thing” destinées à réduire leur consommation électrique. Ils ne sont pas les seuls à suivre cette voie, à l’instar de ses principaux concurrents. Même les téléphones portable sont embarqués dans ce mouvement. Ainsi, Nokia propose des garanties 3 ans avec offre de reprise ouvrant la voie vers le reconditionnement des smartphones leur permettant ainsi de leur donner une nouvelle vie. Oppo la marque Chinois emboîte le même type de pas.
Recyclage et durabilité
Dans cet environnement, le recyclage trouve toute sa place et les constructeurs ont bien compris l’enjeu. A titre d’exemple Lenovo leader mondial des ordinateurs accorde une part très importante aux plastiques recyclés, et la marque n’est pas la seule, à l’exemple de Nokia. L’autre thème de cet IFA 2022 que nous aurions tendance à considérer comme le plus essentiel concerne la durabilité. Les consommateurs ne veulent plus de produits jetables après quelques courtes années, pour des raisons écologiques, bien sûr, mais surtout essentiellement économiques dans un monde instable en raison de l’inflation galopante dont personne, à ce jour, ne peut savoir jusqu’où elle va s’arrêter. Paradoxe étonnant, ils seraient à même de payer plus cher à cet effet. Pour le moment le seul secteur qui échappe à ce discours environnemental, c’est celui des téléviseurs, lesquels jouent encore le jeu de l’innovation technologique. Il faut dire que dans le domaine de la fiabilité, ils ont fait leurs preuves depuis longtemps, mais un sacré enjeu les attend à court terme. En effet, la coupe du monde de foot va se tenir très bientôt, et cet événement est essentiel pour le secteur
Voilà en gros ce que l’on peut retenir du salon IFA. Nous avons sans doute occulté bien des choses mais la place nous manque. En tout cas le retour aux affaires du grand rendez vous Berlinois est un succès incontestable qui prouve que les salons sont quelque part aussi indispensables qu’indestructibles quels que soient les impondérables et celui là était de taille. Tel est à notre humble avis la leçon essentielle qu’il faut tirer de ces journées qui laissent la part belle à l’optimisme.