CIHS 2024

Les outils de l’atelier du monde

S’il est un cliché largement ancré dans les esprits à propos de la Chine, c’est bien celui de l’atelier du monde. Cette image n’est cependant pas apparue pour rien, tant il est vrai que l’Empire du milieu s’est hissé au deuxième rang des puissances mondiales grâce à cette stratégie qui fonctionne toujours à plein régime dans le pays depuis déjà quelques décennies avec le succès que l’on connaît. Celle ci a offert la population une extraordinaire progression du niveau de vie, laquelle a concerné toutes les couches sociales puisque la sortie de la pauvreté de quelques 800 millions d’habitants est un record inégalé dans l’histoire de l’humanité.

Il est indispensable de rappeler ce préambule, tant celui ci explique l’extraordinaire développement de l’industrie Chinoise quels que soient les secteurs d’activité. Grâce en effet à cette main d’œuvre providentielle, des pans entiers de l’économie mondiale ont pu en profiter à plein et par voie de conséquence réveillé un géant qui a prouvé son dynamisme fulgurant et sa formidable adaptation à n’importe quelle demande des donneurs d’ordre venus de tous pays. Tout ceci a engendré un boom économique jamais vu et permis au pays de changer de visage, passant d’un état sous développé à une grande puissance moderne. Toutefois, à ce petit jeu les donneurs d’ordre occidentaux se sont brûlés les ailes. En effet, les sous traitant, sont devenus des industriels puissants, capables de répondre à toutes les demandes. Ainsi sont t’il devenus les premiers exportateurs mondiaux à une vitesse folle, en étant capables de répondre à n’importe quelle demande dans tous les domaines. Cependant, c’était folie d’imaginer que l’Empire du Milieu s’était bâti cette force et cette réputation sans stratégie, comme de simples fournisseurs à la remorque des demandes des clients. C’est exactement tout le contraire. A bas bruit, les autorités ont mis en place une véritable machine de guerre, prête à répondre à tous les défis. Le coup d’envoi a été donné en 1974, dans un petit village de pécheurs nommé Shenzhen par un certain Deng Xiao Ping. On connaît la suite, et cette ville est aujourd’hui le symbole de la puissance économique et industrielle Chinoise. Méthodiquement tous le secteurs ont été l’objet de conquête, via une stratégie très précise de planification. Dans chaque région se ont créés des pôles spécialisés dans tous les domaines visés, selon le principe des clusters qui permettent de rationaliser les chaînes de production, de distribution et de logistique. Mais pour mieux rendre visible leur savoir faire les fabricants appuyés par leurs syndicats et associations professionnelles ont favorisé la mise en place des salons professionnels tant à destination de leur marché intérieur que de l’export.

Le CIHS, une incomparable vitrine

Un des meilleurs exemples de l’application de cette stratégie se nomme le salon CIHS de Shanghai qui règne maintenant sans partage depuis plus d’une vingtaine d’année dans le domaine de l’outillage. Comme les Chinois sont de grands pragmatiques, ils ont unis leurs efforts avec de vrais spécialistes mondialement reconnus pour leur savoir faire dans le domaine de l’organisation de salons professionnels, à savoir Koelnmesse. Ainsi naquit en collaboration avec le très puissant syndicat nommé China national Hardware association, le salon CIHS, acronyme de China International Hardware Show, lequel s’est tenu cette année sur le site du Shanghai New International Exhibition Center. Comme il faut s’en douter, cette association ne s’est pas née du fait du hasard. En effet nos amis et voisins Outre Rhénans possédaient une expertise essentielle dans le domaine de l’outillage, puisqu’ils pilotent le très fameux rendez vous nommé Eisenwaren Messe, leader européen de le profession. Il va donc sans dire que ces deux là, étaient faits pour unir leur destinées pour mettre en place un rendez vous d’envergure dans une ville aussi dynamique et énergique que Shanghai. En tout cas leur mariage fonctionne à merveille et propose que ce soit en Asie ou en Allemagne, le nec plus ultra de la profession que ce soit dans le domaine de l’organisation, que en termes de variété et de profondeur de l’offre dans le domaine de l’outillage et ses dérivés. La seule vraie différence réside dans la fréquence, puisque la session Allemande est biennale tandis que le rendez vous Chinois est annuel. Quoiqu’il en soit, le CIHS est la vitrine incomparable de la profession sur le territoire du géant Chinois, et les résultats chiffrés en constituent la preuve la plus irréfutable, comme le prouvent les statistiques de cette édition 2024 qui s’est pourtant déroulé dans un environnement économico géopolitique pour le moins tendu.

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Des statistique éloquentes

Nul n’est besoin d’éloges emphatiques, il suffit de regarder les chiffres, et ils sont impressionnants. Ainsi, ce sont pas moins de 2800 entreprises venues de 15 pays et régions qui ont présenté leurs nouveautés et innovations sur une surface de 120 000 m2 à 22896 visiteurs venus de 109 contrées étrangères. Toutefois ces statistiques appellent quelques commentaires. Le nombre d’entreprises exposants venues de divers continents qui ont fait le déplacement n’est pas considérable. Ceci a une raison. Tout d’abord , le marché de l’outillage est désormais essentiellement aux mains des fabricants nationaux et les exposants règnent désormais en maîtres sur ce secteur. Cette réalité démontre s’il en était encore besoin, la dynamique Chinoise sur le marché de l’outillage, de la quincaillerie, et ses dérivés (nous y reviendrons) et surtout son hégémonie mondiale dan ce domaine. Il faut aussi savoir que ces résultats sont le fruit d’une offre de sous-traitance qui prouve le savoir faire des industriels de l’empire du Milieu, lesquels savent toujours s’adapter à la demande de tous les marchés mondiaux, quels que soient les cahiers des charges des acheteurs de tous pays. Force est donc désormais de dire que le salon CIHS est plus que jamais le haut lieu du sourcing. Personne au monde n’est capable de proposer une offre aussi variée en volume . Le phénomène était encore plus évident lors de cette session 2024,qui s’est tenue du 21 au 23 octobre, puisque celle ci s’était adjointe de la présence de 2 extensions nommées China International Building Hardware & fastener show pour la première et de China International Lock & Security Doors Shows 2024 pour la seconde. Enfin sont venus compléter ce florilège exhaustif deux nouveaux secteurs, à savoir le jardin et son outillage et les équipements liés à la sécurité. Il va donc sans dire que dans ces domaines, les exposants Chinois occupaient quasiment tous les espaces disponibles. Faut t’il s’en alarmer, dans un contexte de volonté de néo protectionnisme ? Pas vraiment. En effet, chacun y trouve largement son compte et surtout les acheteurs qui se voient offrir l’espace de ces trois journées, une immense place de marché, que l’on retrouve nulle part ailleurs sur la planète que sur le salon CIHS. Ce n’est donc pas par hasard que ceux ci sont venus de 109 pays et régions sur un salon unique en son domaine. D’autre part, il ne faut pas oublier les échanges nationaux. Les acheteurs Chinois de tous les secteurs savent pertinemment qu’un tel rendez vous est aussi pour eux une aubaine. Bref, un salon professionnel hautement spécialisé profite à tous les acteurs d’une profession quel que soit l’endroit d’où ils viennent. Enfin, reste l’attrait incontournable de Shanghai pour les visiteurs du monde entier, grâce aux infrastructures hôtelières et aéroportuaires, à la facilité de transports vers le parc des expositions. Tout ceci pèse lourd et rend le salon plus incontournable que jamais. Et l’impact Covid dans tout cela ? A l’intérieur du pays et surtout dans la mégalopole durement touchée, il semble avoir disparu. Quid des visiteurs étrangers ? La situation ne cesse de se normaliser voir même de s’améliorer spectaculairement. En effet le gouvernement a pris une décision plus que positive, en permettant aux citoyens d’une vingtaine de nations de rentrer dans le pays sans visa. Il suffit d’un simple passeport pour passer la frontière. Cette mesure est encore provisoire, puisqu’elle va jusque fin décembre, mais il y tout à parier qu’elle va se prolonger. La Chine a besoin aussi de retrouver ses touristes.

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Un offre vraiment exhaustive

La force du salon CIHS, c’est l’exceptionnelle diversité de son offre. Ses fondamentaux restent les mêmes. L’outillage sous toutes ses formes à l’usage du bâtiment et de la construction. Il faut y ajouter aussi les abrasifs, la serrurerie et les technologies de fixation avec les nouveaux colocataires présents, cette année sur le parc. Enfin, il y avait aussi les nouveaux segments. Le premier concernait la protection et la sécurité, ce qui est somme toute très logique tant ces sujets sont sensibles de nos jours. Mais plus étonnant, le secteur du jardin était présent. Certes, il n’a pas vraiment encombré les halls d’exposition. D’ailleurs, cette nouveauté prouve telle un intérêt pour une activité hautement occidentale ? Il semble qu’il faut sans doute plutôt voir chez les consommateurs de l’Empire du Milieu, un engouement pour tout ce qui a un rapport avec la nature, surtout dans les grandes villes. Le phénomène est d’ailleurs en progression chez les jeunes générations. Toutefois ne nous faisons pas d’illusions. Le jardinage à l’Européenne en Chine, n’est pas et ne sera jamais un phénomène de masse, en raison d’un climat rigoureux quelles que soient les saisons alternant les grands froids et les températures extrêmes en été sur la majeure partie du pays. Il Faut y voir , à notre avis, un potentiel de développement à l’exportation. En effet, au delà du marché intérieur encore un peu à la peine suite à l’épisode Covid qui a aggravé une crise latente du bâtiment et par voie de conséquence du logement, les industriels et fabricants de toutes envergures se sont plus que jamais repositionnées sur l’export, avec le soutien des autorités qui ont encouragé et soutenu fortement un redéploiement industriel dans tous les domaines à destination des marchés export, avec succès, ne laissant aucun secteur de côté.

Connectivité et durabilité

Sur le plan des nouveautés, rien de bien spectaculaire. Le monde de l’outillage n’accorde pas de place à la fantaisie. C’est du sérieux. Néanmoins, des tendances fortes se dégagent. Elle se nomment durabilité et connectivité. La première constituait le fil rouge de l’offre globale. A l’instar de ce qui se pratique dans le monde, les fabricants Chinois n’ont pas manqué le train de ce concept, un peu bateau dans ses termes, mais qui s’est imposé dans tous les secteurs d’activité. Les produits non durables, donc par conséquence, non respectueux de l’environnement n’ont plus voix au chapitre nulle part dans le monde, et la Chine accusée longtemps à tort ou à raison de ne pas respecter les cahiers des charges que cette nouvelle demande impliquait à largement rattrapé son retard en la matière. Non seulement les produits sont durables, mais ils ont progressé en qualité de manière très spectaculaire pour être aujourd’hui au niveau des standards Européens. C’est aussi un atout pour les acheteurs étrangers qui trouvent une offre à la hauteur de leurs exigences. Sur la plan technologique, sans surprise la connectivité y a trouvé aussi sa place. Ce fût vrai particulièrement dans la serrurerie.
Voilà donc une session 2024 riche de par une offre unique en termes quantitatifs. Mais la qualité globale est au rendez vous, sans oublier l’attractivité tarifaire de la production présentée plus que jamais d’actualité dans un monde ou l’inflation guette. Ces prix agressifs font la force de la Chine. Il ne reste plus qu’à lever les dernières barrières douanières encore en vigueur et les freins psychologiques de la part des visiteurs étrangers encore un peu effrayés par les conséquences du COVID. Reste la situation géopolitique, économique dans un mode en crise. Mais cela n’est pas du ressort du salon. En attendant, le CIHS et son partenaire Koelnmesse ont retrouvé leur place au sommet.